Lundi 30 mai 2016
Montreuil sur Maine - Château -Gontier. - 32 kms -7h30.
Je quitte avec regrets ce château. Dommage que le temps n'y était pas, j'aurais pu faire un tour dans le parc hier soir. Maintenant direction les bords de la rivière Mayenne qui n'est qu'à quatre kilomètres. Je vais dans le même sens que son courant, quelques centaines de mètres, juste pour aller voir un moulin et sa grotte et puis je fais demi-tour.
Un petit moment d'hésitation, le chemin de Compostelle continue vers le Sud..... et si je continuais. Non soyons raisonnable, j'ai une femme qui m'attend à la maison.
Je remonte donc la rivière, ma Mayenne, que j'aime tant. Cela me fait tout drôle de savoir qu'elle coule aussi en dehors de la Mayenne. Je n'y avais jamais pensé avant, car nous la partageons également avec nos voisins du Maine-et-Loire.
Donc direction le port de Chenillé -Changé, fini les chemins creux, fini les chemins herbeux, place maintenant aux chemins tortueux qui épousent les déhanchements de notre rivière.
A cette heure matinale, je ne suis pas seul, sur le chemin. Tantôt ce sont des colverts qui s'envolent à mon approche d'un champ bien trempé par la pluie d'hier.
Tantôt c'est un chevreuil qui traverse en gambadant, un champ de maïs fraîchement planté.
Tantôt un héron cendré s'envole à grand tire d'ailes, voyant que sa pêche serait perturbée par un randonneur un peu trop voyant avec son sac à dos étanche (pas le poisson..la tanche) et surtout fluo.
Je ne m'ennuie pas sur ce chemin, car si le monde animal n'est pas là pour m'enchanter les yeux, ce sont les oreilles qui bénéficient des largesses de ces chers oiseaux chanteurs.
Ainsi 4 kms sont vite parcourus et je dépasse la Jaille -Yvon.
Mais pour être au comble du ravissement, l'Homme, imaginant que ce ne serait pas suffisant, trouve l'idée formidable de parsemer tout le long de cette rivière de magnifiques demeures. Ce sont de petits châteaux, discrets, très discrets, comme savent l'être les "gens d'ici". Ils sont toujours superbement situés sur un éperon rocheux, abrités par des arbres à l'âge certain.
Me voici déjà arrivé à Daon, après 22 kms de bonheur. Une petite pause casse-croûte et tenue d'été exigée, la pluie ne semble pas menacer pour cet après-midi.
Maintenant je vais me dégourdir les jambes sur 7 kms, avant d'aller prendre un petit café à la célèbre petite guinguette de Menil, avec son bac qui traverse la rivière à la demande.
Une dernière fois, pour aujourd'hui, J'endosse mon sac à dos pour faire les 7 derniers kms pour me rendre à mon étape, Château -Gontier, où je vais arriver à 15h30.
Sur le chemin peu avant mon arrivée, une personne m'interpelle car elle a vu ma coquille dans le dos. Trop content de partager son cheminement de Compostelle qu'il a fait lui en 2013. Il évoque ce dépouillement qui fait vite place au superflus. Il me raconte ce miracle quotidien qui surprend à chaque fois, comme ce qu'il a vécu dans les Pyrénées.
Chaque jour il jetait les pages de son guide qui ne lui était de plus aucune utilité. Mais en arrivant à St Jean Pied de Port, il ne sait pas pourquoi, il lui restait les 4 derniers jours. Or, il rencontre un pèlerin d'un âge certain qui est sur le retour de Compostelle. Ce dernier lui fait part de son souci, car il n'a plus le guide pour les 4 prochains jours. Et c'est à ce moment qu'il se dit, des choses sont écrites, je ne sais pour quelles raisons, j'ai encore ces feuilles, mais elles vous étaient destinées. Sur ces mots, il me laisse repartir et me souhaite Buen Camino.
Ce soir, je vais dormir à l'hôtel du Cerf, mais après mon immanquable douche, je vais visiter un peu la ville et ces jolis bâtiments, sa Mairie, son église St Jean-Baptiste qui domine la rivière et sa glaciaire, le frigo de l'époque.